L’absence de supporter avec le Covid commence à faire long. Outre le fait de ne pas pouvoir encourager ses équipes, il semblerait que le moral des supporters en prenne un coup. Alors que les supporters sont souvent décriés dans les médias, c’est l’occasion de mettre en lumière ceux qui font vivre le sport.
Va-t-on vers un football de moins en moins « disputé » ?
A chacun sa vision du sport, selon les éléments considérés, et les expériences. Certains l’aiment d’une manière pendant que d’autres attendent des choses différentes selon les goûts et les couleurs.
Une chose est sure, sur les différents réseaux, les discours évoluent au cours de la pandémie. Dans le même sens que certains matchs.
Si les Ultras sont assez mis en marge par ce contexte « sécuritaire » des stades, nous avons déjà pu observer les conséquences sur les équipes à domicile. La balance s’est inversée, et on a statistiquement moins de chance de s’imposer… à domicile !
Evidemment que les supporters ont une importance capitale pour un sport qui vit, un peu comme le théâtre, aussi bien grâce à son public qu’à ses acteurs. Comme l’évoque Bernard Soccoro, ancien du MHSC, mais surtout président du club central des supporters, a propos des années 80 : « La Butte pouvait faire changer le cours de beaucoup de matchs. Elle faisait gagner des matchs! »
Opposition Sport/Sport spectacle
La médiatisation de ce sport semble être un facteur considérable. La est toute la difficulté : comment trouver un juste milieu entre évolution et dérive ?
Un problème se pose car, le journalisme possède une vision assez opposée à celle des supporters :
Les gros titres, les interviews ou les joueurs disent les mêmes choses à la mi-temps, la culpabilisation des joueurs sur des fautes, le fait de ne pas remettre en cause l’arbitrage (sauf quand c’est contre une « grosse équipe »), une vision « politiquement correcte » : ce qui est bien mais surtout bien appuyer ce qu’il ne faut pas faire, que c’est pas bien, que l’arbitre a eu raison, notion de danger, intégrité physique…. Le tout d’une manière bien dramatique. Si on enlève le fait d’évoquer l’Europe dès qu’une équipe aligne quelques victoires en Ligue 1, ça change des insultes et provocations qui ont lieu sur le terrain.
En ce moment, qui dit pas de supporters, dit Foot uniquement à la télé. Qui dit télé, dit commentateurs (et leur vision à eux du football) ainsi que leurs commentaires pour décrire le match.
On remarque de la pédagogie, des tentatives d’explications (une fois de plus selon l’équipe « à défendre »). Beaucoup de messages qu’on ne peut retenir, si il n’y avait pas la voix des commentateurs pour nous le dire, et qu’on chante en tribune.
Certains l’évoquent à juste titre : du temps de MDZ en tant que joueur, soit a peine 20-30 ans en arrière. Les fautes sifflées n’étaient pas les mêmes. Mais pas du tout les mêmes. A l’époque ou un cisaillement par derrière ne valait au maximum
qu’un jaune… Moins de simulation, moins de pression arbitrale, mais aussi + de blessures, bref. Un autre sport !
Mais alors diriez vous, quel impact sur le spectateur (ou supporter) ?
Eh bien une fois de plus apporter une réponse est complexe. Car il y’a de tout et de son contraire. Statistiquement des constats sont observables dans les discours : les supporters qui veulent suivre le match sont obligés, le plus souvent, d’écouter des commentateurs uniquement, en l’absence de tout chant du public. Au grand damn d’une bonne partie.
Sur internet, il est possible de lire de plus en plus d’agacement sur ces sujets. Même des changements d’attitude. Certains passant de commentaires optimistes et provocateurs, à : remise en question / évaluation des dangers, risques. D’autres parlent de ne plus avoir la motivation d’encourager. D’autres n’ont même plus envie de se projeter. D’autres parlent d’Europe à la moindre victoire.
Alors serait-ce un retournement de veste ou le poids des médias qui viennent faire évoluer notre vision peu à peu ?
D’ou vient le foot à la base ?
Puisqu’à la base des bases, si on doit remonter dans l’utilité du sport: il faut différencier sport, d’activité sportive. Un sport doit posséder : une activité motrice, une compétition et un règlement : « Le sport est l’ensemble fini et dénombrable des situations motrices codifiées sous forme de compétition et institutionnalisées ».
C’est sous forme de guerre par procuration que le sport a été intégré dans les collèges de Rugby, en Angleterre fin XIXè siècle. En échange ? Moins de violences entre les élèves, qui devraient régler ça sur un terrain. Et en contre partie : des sports un peu mieux que la gymnastique militaire de l’époque.
Après l’arrivée d’un sport entre le Foot et le Rugby , c’est compliqué, mais pour raccourcir, peu à peu le football a commencé à devenir de plus en plus populaire, car plus facile à pratiquer n’importe ou : dans les rues par exemple. Avec des règles qui s’ajoutent dans un premier temps. C’est véritablement que durant l’entre deux guerres que le foot va se populariser.
L’arrivée des supporters/ultras se fera un peu plus tard.
Alors est-ce que la médiatisation d’un sport (en particulier ces dernières décennies) doit justifier la disparition des tensions qu’il il a toujours connu, voire qui l’ont fait exister?
Puisque rappelons grossièrement : Tensions -> guerres
-> Puis l’arrivée d’un homme qui va intégrer le sport dans les collèges pour faire diminuer la violence : des guerres par procuration, c’est à dire qu’on va soutenir une équipe pour qu’elle se batte à notre place. Le tout sur un terrain, avec un règlement.
Mais le Football, plus généralement sport, peuvent-ils exister sans tension ? Sachant que la compétition étant un terme clé de la définition. Et que rares sont les compétitions sans tensions, puisque les protagonistes possèdent des intérêts opposés, chacun voulant remporter l’épreuve.
Le contexte socio-culturel évolue lui aussi de son côté. Dans une société, et face à des médias plus « tendres » que les supporters, plus « moralisateurs » étant donné leur regard « externe » : qui a vraiment raison dans le fond?
Puisque tout de même sans ces mêmes médias, le Foot n’aurait pas autant de portée, comparé au Hand par exemple, ou d’autres sports moins médiatisés.
–Doit on défendre l’émission qui critique les ultras ou les ultras qui ont toujours fait vivre un sport, sport lui même alimenté par des tensions inaliénables?
– Est-ce que les ultras ont raison de revendiquer leurs droits face à de plus en plus de contraintes? (LFP, et autres organismes venant interdire des pratiques pour les supporters en tribune : fumigènes, banderoles mais aussi insultes…).
Toujours est-il. Un vrai supporter ne change pas d’attitude, que ce soit dans la victoire comme dans la défaite. Quelque soit la manière de supporter votre club, garder en tête que ce sont des humains, et que le soutien apportera souvent plus que la critique. Là se trouve sans doute l’une des difficulté pour séparer les fidèles des infidèles.
C’est aussi ça l’Esprit Paillade.